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21 Juillet 25
J+6522
06 décembre 2007, par Christophe
La journée est consacrée au site de la bataille de Dien Bien Phu. Petit rappel historique pour commencer.
Fin 1953, voilà 5 ans que dure la guerre d'indochine entre les Français et les Viet-minhs communistes dirigés par Ho Chi Minh, luttant pour mettre fin à la colonisation de leur pays. Les Français décident alors d'installer une puissante base, forte de 10 000 hommes, dans la vallée de Dien Bien Phu. Leur objectif est double : bloquer la voie d'invasion vers le Laos menacé et obtenir la bataille décisive qui les placera en bonne position pour les négociations de paix qui s'annoncent... Ce sera effectivement la bataille décisive de la guerre mais pas dans le sens espéré... Le 7 Mai 1954, après 57 jours de siège, la garnison française capitulera. Le lendemain s'ouvrira la conférence de Genève qui mettra fin à 80 ans de colonisation et aboutira au partage temporaire du Vietnam en deux. Elle prévoira des élections en vue de la réunification dans l'année qui suit, elles n'auront jamais lieu. Le conflit entre le nord et le sud commencera au début des années 60 et entrainera l'intervention des USA, mais ceci est une autre histoire tragique...
Nous commençons par visiter le musée. Plutôt intéressant.
Le clou de l'exposition est la maquette animée de la bataille. La situation initiale, les petites lumières vertes françaises sont encerclées
Dès les premiers jours, la bataille prend une mauvaise tournure pour les Français avec la perte des points d'appui les plus extérieurs. La conséquence est de mettre la piste d'aviation à portée de canons, la rendant ainsi inutilisable. Les renforts et le ravitaillement arriveront désormais par parachute. Environ 4 300 hommes seront ainsi envoyés en renforts. Malgré leur courage, ils ne pourront que retarder l'issue fatidique.
Profitant de leur nette supériorité numérique, les Viet-Minhs creuseront (de nuit) tout un réseau de tranchées leur permettant de s'approcher au plus près. Ils attaqueront sans cesse les différentes positions, s'emparant de chaque point d'appui l'un après l'autre.
La situation finale, il n'y a plus de lumières vertes... On voit bien les tranchées construites par les Viet-Minhs.
Du matériel est exposé à l'extérieur du musée sous deux préaux qui se font face.
L'un pour les Français, char M24 et obusier 155HM1 (canon).
L'autre pour les Viet-Minhs. Au premier plan, mortier de 120 (canon) et obusier 105HM2, made in USA (capturé aux Français).
Derrière, les pièces de la Défense Contre l'Aviation qui abattront 68 avions dans le ciel de Dien Bien Phu. C'est une armée moderne que les Français affrontent.
Les Français avaient sous-estimé les Viet-Minh, notamment leur capacité à amener du matériel lourd jusqu'à Dien Bien Phu. Les communistes réussiront un véritable exploit logistique grâce à la mobilisation de 50 000 porteurs qui, en camion, en vélo, à pied transporteront vivres, munitions, armement à travers la jungle... Les canons de plusieurs tonnes seront tractées .
L'autre surprise sera la puissance de l'artillerie VM que les canons ou les avions français seront incapables de museler. Le commandant Piroth, le chef de l'artillerie française à Dien Bien Phu, se suicidera dans son bunker au 3e jour de la bataille lorsqu'il réalisera la supériorité ennemie.
En face du musée, sur une colline, l'un des points d'appui français a été entièrement reconstitué. Il s'agit de Eliane 2, qui verra certains des combats les plus acharnés de la bataille.
Pour l'anecdocte, chaque position française portera un prénom féminin, de Anne-Marie à Junon en passant par Béatrice, Claudine, Dominique, Eliane, Françoise, Gabrielle, Huguette et Isabelle.
Les tranchées (avec des rondins et des sacs de sable en ciment...)
Les barbelés qui empêchent la progression de l'ennemi.
Les bunkers
L'explosion de la charge explosive de presque une tonne, amenée à travers une galerie souterraine creusée à la main, entrainera la chute de la position le 6 mai et donnera le signal de l'assaut final.
Les galeries souterraines qui constituent le coeur de la position
Un des chars français M24. Au nombre de 12, ils seront amenés par la voie des airs en pièces détachées. Ils causeront beaucoup de difficultés aux Viet-Minhs.
Au milieu de la plaine, un char français.
Un peu plus au sud, la reconstitution du Quartier Général de De Castries, le commandant en chef de la base.
C'est ici que le 7 mai aura lieu la reddition française.
L'extérieur
Et l'intérieur
A proximité, des pièces d'artillerie française mises hors de combat. Insuffisamment protégées, elles subiront rapidement de lourdes pertes (plus du 1/4 des canons détruits durant les 2 premières semaines...).
La bataille revêt une importance énorme pour les Vietnamiens. Pour la première fois, une guérilla bat une armée occidentale moderne. Ils payeront cette victoire au prix fort comme en temoigne le cimetière militaire.
Les Français restent fascinés par cette étrange défaite, au vu du nombre de livres qui ont été écrit sur le sujet.
Pour autant, la France n'a pas souhaité honorer officiellement les morts tombés ici. Il a fallu une initiative privée d'un ancien sergent de la Légion Etrangère pour que le petit mémorial actuel voit le jour.
Attitude étrange de notre pays que d'oublier ainsi son passé... Encore plus si on la compare à celle de nos voisins britanniques qui ont contruit et entretiennent des monuments aux morts et des cimetières militaires aux 4 coins du monde. Il suffit d'aller au pont de la rivière Kwai en Thailande pour s'en rendre compte.
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